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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 11:17

Conseil de Paris

Séance des 25 et 26 mars 2013

Pierre-Yves BOURNAZEL 

Intervention de Pierre-Yves BOURNAZEL

sur le rapport de la Chambre Régionale des Comptes

(délibération SG 60)

 

Monsieur le maire,

 

La Chambre Régionale des Comptes a ceci de bon qu’elle ne souffre pas de contestation partisane. Ses rapports sont des éléments d’information précieux et doivent constituer une source d’inspiration pour tout élu qui entend porter une vision pour Paris. En particulier lorsqu’il s’agit de la gestion des ressources humaines de la ville. Avec près de 57 000 agents, dont 50 000 permanents, c'est une dimension majeure de l’enjeu que représente la direction de notre capitale. Alors quels enseignements peut-on tirer de ce rapport ?

Il démontre tout d’abord un déficit managérial inquiétant, à travers un malaise social dans les services qui se traduit par une augmentation importante du taux d’absentéisme ces dix dernières années.

Un déficit managérial qui se retrouve aussi dans le manque de mobilité et de reconnaissance des cadres de la Ville, mais également dans le manque de place faite aux femmes pour les postes à responsabilité.

L’absentéisme chronique constitue un symptôme d’un grave échec de management de la Ville. Il ne s’agit pas d’un accident de parcours, mais bien d’une tendance sur le long terme   La CRC note d’ailleurs que « les données 2009 du bilan social montrent une aggravation du phénomène ». Je cite le rapport : « en 2009, le taux global d’absence s’est établi à 10,94% ; en 2008 à 10,69% ; en 2007 à 9,71% ».

Autre élément de comparaison : en 2002, vous êtes arrivé en trouvant un taux d’absences incompressibles de 5,19% ; en 2009, il se situait à 6,14%, suivant une progression quasi linéaire. C’est toujours le rapport de la CRC.

Après plus de 10 ans au pouvoir, pour la première fois en 2012 le taux d’absence global baissait !  Vous vous félicitiez de votre résultat suite à la mise en place d’un programme de réformes. Et quel résultat ? Une inflexion d’une inflexion infinitésimale de 0,38%...

Mais, rendez-vous compte : « en 2011, le nombre de jours ouvrés perdus s’élève à plus de 1,15 million, soit 20 jours par an et par agent » ! C’est colossal ! Rien qu’en 2007, l’inspection générale estimait le coût annuel de l’absentéisme à 160 millions €. Et, avec un taux inférieur de plus de deux points à sa valeur actuelle.

Monsieur le Maire, comment pouvez-vous prétendre mener une politique de réduction des dépenses publiques lorsque votre propre management se révèle aussi défaillant ?

D’ailleurs, bien au contraire de résorber un phénomène, vous l’avez aggravé en augmentant la masse salariale de plus 10 000 postes ! Aujourd’hui la situation vous échappe, mais vous en êtes responsable.

Votre échec de management, c’est aussi celui d’un manque de reconnaissance et de mobilité des cadres de la Ville. Des postes à responsabilité qui se font au détriment des fonctionnaires territoriaux, qui ont pourtant la culture de Paris, la connaissance du terrain et l’amour de cette ville. Le rapport de la CRC est sur ce point accablant pour la motivation de nos fonctionnaires. Je cite : « la ville confie les emplois supérieurs dans une large mesure à des fonctionnaires de l’Etat qui monopolisent de fait tous les emplois les plus élevés, au détriment des cadre de la ville et de la fonction publique territoriale ».

Pour se défendre la Ville aggrave d’ailleurs son cas en reconnaissant que « parmi les 41 emplois de secrétaire général, secrétaire général adjoint, directeur et directeur adjoint (seulement)34% sont des agents de la Ville ».

On pourrait ajouter qu’en 12 ans, un seul fonctionnaire territorial a bénéficié d’une promotion interne permettant de devenir administrateur de la Ville.

Il faut que nos agents et nos fonctionnaires retrouvent l’enthousiasme, qu’ils puissent envisager à nouveau des perspectives de mobilité et de promotion internes. C’est à un nouvel esprit de dynamique auquel, je m’y engage, nous les inviterons dès l’année prochaine.

La question de la place des femmes aussi est au cœur de nos préoccupations, car elle se révèle particulièrement problématique.Comment accepter que celles-ci soient majoritaires parmi les personnels de la Ville, mais qu’elles demeurent très minoritaires dans les postes d’encadrement ?

Elles restent très largement cantonnées aux postes de catégorie C. 74,4% de femmes composent ainsi le 1er décile représentant les rémunérations les plus faibles !

La création d’un poste d’adjointe à l’égalité homme/femme en 2001, le lancement du plan l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en 2005, l’adoption de la charte de l’égalité dans l’emploi en 2008…Toutes ces intentions de principe, certes louables, n’ont pas produit d’effet sensible.

Aujourd’hui, il faut dépasser la politique de symboles pour passer à une logique du concret. C’est à cet engagement de nomination de femmes à des postes à responsabilité auquel la nouvelle équipe municipale tiendra pour inverser cette état de fait injuste et injustifié.

Paris a besoin d’un nouvel esprit de gestion des ressources humaines. De régler la question de l’absentéisme endémique, qui grève les finances de la Ville, mais aussi de redonner aux agents de la Ville la confiance qu’ils méritent en leur garantissant des perspectives de mobilité qui ne se fassent pas uniquement au profit des fonctionnaires de l’Etat. Bref, de leur donner un cap et à travers la vision d’un Maire manager.

 

 

Pierre-Yves BOURNAZEL

Conseiller de Paris

Élu du 18ème

Candidat à la Mairie de Paris

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