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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 12:19

Conseil de Paris

22 et 23 Avril 2013

DAC 217

Intervention de Pierre-Yves Bournazel sur la politique culturelle de la Ville de Paris

 

Monsieur le Maire,

 

Paris-culture.jpgNous allons voter une partie des subventions annuelles du 104. Au total, c’est 8,1 M€ que la capitale (commune et département) versera au titre de l’année 2013. Sur un budget de la culture de 125 M€, le 104 engloutit à lui seul près de 7% de l’ensemble ! Il faut également rappeler le coût de transformation des anciennes pompes funèbres en cette superstructure :

le 104 c’est 100 millions d’euros !

Il est nécessaire de parler de chiffres, parce que si l’accès à la Culture n’a pas de prix, il a un coût ! Et ce coût les Parisiens doivent le connaître.

Le 104 est le symbole d’une vision de la culture en trompe l’œil, qui consiste à laisser penser que la multiplication des grandes structures dispendieuses ferait une politique culturelle. Paris dispose déjà à travers les grands musées nationaux (avec entre autres le Louvre, Orsay, le Centre Beaubourg Pompidou, mais aussi le Palais de Tokyo ou le Musée d’art moderne de la ville) tous les atouts pour faire naître l’éblouissement et le choc que peut représenter le premier contact avec l’art. Ces lieux grandioses où l’art peut se révéler à chacun sont indispensables, mais ils existent, ils appartiennent déjà au patrimoine exceptionnel dont peuvent profiter les Parisiens et les visiteurs. Il faut les mettre en valeur. Et en ce sens, l’opération « Nuit Blanche » y contribue, il faut le reconnaître . Mais, la culture, ce n’est pas seulement le patrimoine.

La culture, elle s’acquiert avant tout au quotidien. Le goût de l’art est un apprentissage. Et tant que tel, il s’acquiert, se développe, s’affine dans un travail tout au long de la vie. Cet apprentissage, il faut l’accompagner au-delà d’un éblouissement éventuel ou d’un simple contact avec l’art. Cet accompagnement, c’est le devoir d’une municipalité, en particulier pour une capitale comme Paris qui dispose de tant d’atouts. Et précisément, il ne passe pas par de grandes structures qui sont davantage là « pour se faire plaisir ».Elles en imposent, elles font parler de soi, elles flattent l’ego, mais sont-elles efficaces ?

Ces paquebots culturels,avec en tête le 104 dans le rôle du Titanic, (mais il ne faut pas oublier la Gaîtée lyrique ou la Maison des Métallos) sont marqués d’un double déficit :

Déficit financier structurel, qui réclame toujours plus de subventions pour les combler.

Et surtout, déficit de projet.

Le 104 en est l’exemple le plus marquant :

La Ville a ouvert ce lieu à grand frais sans définir une destination précise à ce projet. La preuve en est le remplacement express de Robert Cantarella et Frédéric Fisbach seulement un an après l’inauguration du lieu en octobre 2008. Il a fallu trouver des moyens de financements externes avec l’ouverture de restaurant, de boutiques éphémères et surtout de location de la salle. A tel point, que ce n’est pas comme vous le dîtes dans la délibération « des activités commerciales et évènementielles qui s’ajoutent à des activités culturelles », mais bien l’inverse. Le culturel est aujourd’hui davantage l’accessoire.

C’est un fourre-tout sans véritable identité dans lequel tout se mélange(bric à brac Emmaus, restaurant, boutiques, résidence d’artistes, créations diverses) et dans lequel on ne retient pas d’évidence.

Vous le dîtes « populaire et ouvert sur le quartier », mais alors il faut l’entendre comme lieu de passage plutôt que lieu de visite pour les habitants.

Aujourd’hui, il est temps de réorienter la politique culturelle vers une politique de proximité.

La culture de Proximité, la culture au quotidien, je m’y engage, c’est ce que nous ferons dès 2014. La multiplication des grands paquebots culturels, qui sont autant de freins à la sortie de terre de conservatoires ou de bibliothèques, ne sont pas une solution pour offrir l’accès au plus grand nombre.

La culture de proximité, c’est aussi l’adaptation et la flexibilité des horaires d’ouverture de ces lieux d’apprentissage que sont les conservatoires et les bibliothèques. A ce titre, il faut rappeler que la politique de gestion des conservatoires ne s’avère pas efficace en terme d’accès des classes moyennes et populaires, comme l’a soulignée l’Inspection générale dans son rapport 2010-2011 : l’instauration de quotients familiaux n’a pas produit d’effets bénéfiques

Au contraire, Si on constate une faible augmentation des familles aux revenus les plus bas (le QF 1 passe de 4,7 % en 2005/06 à 5,6 % en 2008/2009), il pointe une baisse de la part des familles payant au titre des quotients familiaux de 2 à 6 et une forte croissance des familles au QF 7 (10,7 % en 2005/2006 et 13 % en 2008/2009, soit + 2,3 point) et au QF 8 (30,4 % en 2005/2006 et 34,8 % en 2008/2009, soit + 4,4 point). Ainsi, l’accès des classes moyennes à ces établissements publics diminue et votre mesure bénéficie très majoritairement aux plus aisés !

Voilà ce qui devrait être le chantier prioritaire : une politique culturelle au quotidien, une politique culturelle de proximité, qui est la vraie politique culturelle pour le plus grand nombre et qui constitue un patrimoine pour toute la vie, nous la porterons en 2014, pour que « la culture pour tous » devienne une réalité.

 

Pierre-Yves BOURNAZEL

Conseiller de Paris– Élu du 18ème

Candidat à la Mairie de Paris

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