Le Figaro 28 aout
Le président du MNR a défendu l'idée, prônée par le dirigeant du FN, d'une Union des patriotes.
«2007, l'autre scénario» : c'est devant une banderole proclamant cet objectif que Bruno Mégret a prononcé hier le discours de clôture de l'université d'été du MNR au château de Terrides, à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). Cet «autre scénario, a-t-il dit, ne serait pas un duel Royal-Sarkozy, mais un duel entre notre candidat (Le Pen, ndlr) et un candidat du système, avec cette fois la crédibilité pour l'emporter ou, à tout le moins, pour jeter les bases qui permettront de l'emporter la fois suivante». Devant cent cinquante militants, le président du MNR a exposé le moyen de faire en sorte que «le basculement se produise». Ce moyen, c'est l'Union des patriotes en cours de préparation, dont Bruno Mégret a précisé l'idée qu'il s'en fait : «Une dynamique nouvelle et puissante.»
Desiderata
Bruno Mégret appelle de ses voeux une «union réelle, sincère, loyale», pour «construire ensemble une force fédératrice», «respectant l'identité et l'indépendance de chaque partie». La «dynamique» qui résulterait d'une telle union, et la rendrait capable, selon lui, de rassembler non seulement les partisans du FN et du MNR mais aussi «ceux qui se fourvoient chez Villiers ou qui ont posé leur sac, qui doutent, se dispersent».
Alors que les négociations doivent reprendre, entre le FN et le MNR, sur les modalités exactes de la future Union des patriotes, Bruno Mégret a donc profité de son université d'été pour faire connaître à distance ses deside rata : l'union comprendra certes un accord électoral, par lequel il s'effacera devant Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle, en échange de quoi le FN soutiendra ses candidats dans un certain nombre de circonscriptions législatives (circonscriptions qui font l'objet, de toute façon, d'âpres négociations). Il faut aussi que l'accord porte sur le rôle que joueront respectivement Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret dans la campagne présidentielle, le second entendant bien y jouer sa propre partition.
Denis Greslin répond : Tout ça pour ça...
L'Union des Patriotes se met en place. Vous ne savez pas de quoi il s'agit ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas le seul.
En quelques mots, l'Union des Patriotes c'est la réunification des clans. En 1998, le FN explose en deux tribus rivales, ou plutôt ennemies : les fidèles du grand chef Jean-Marie, qui après moults recours judiciaires conservera le nom et l'appareil du parti, et les partisans du "réformateur" Bruno Mégret. Le premier clan mettra 4 ans pour panser ses plaies, mais retrouvera dès 2002 avec l'élection présidentielle des résultats électoraux importants. Le second groupe explosera à nouveau en vol en 2002/2003, avec une sécession des partisans de Franck Timmermans, ancien secrétaire du FN puis du MNR, qui créera avec Christian Perez le Parti Populiste.
J'ai fait partie des "réformateurs" de 1998, j'ai quitté le MNR avant la seconde guerre fratricide. Je suis parti car je n'étais pas d'accord sur la ligne politique, en particulier sur la ligne très anti-américaine et anti-israélienne (pour ne pas dire pire) de ces mouvements. Je suis parti sans heurts, sans colère et sans haine, et je conserve respect et amitié pour la plupart des cadres que j'y ai connus.
Néanmoins, quand je vois l'union qui s'est concrétisée récemment (du moins pour le MNR qui tente de négocier son soutien au FN, la ralliement du PP étant plus ancien de quelques mois), je me dis que ce n'était pas la peine de faire tout ça pour en arriver là ! Car le spectateur de la vie politique n'a pas idée des insultes, bassesses, règlements de compte, et de la dose de haine qui ont accompagné ces divorces. Une haine encore bien réelle, du moins dans l'encadrement, et je ne peux pas croire que les protagonistes puissent pardonner cela aujourd'hui. Je ne vois pas non plus ce que le PP ou le MNR peuvent négocier face à un FN triomphant... en tout cas, pas les signatures des maires, car je ne pense pas que le MNR puisse en compter beaucoup...
Ça, c'est pour la forme. Car sur le fond, même si on efface l'ardoise, il reste que le terme de "patriotes" ne signifie pas grand'chose. Sur le plan idéologique, les différences sont inexistantes, et effectivement trois mouvements ne sont pas indispensables pour dire la même chose. Autant essayer de tenter de récupérer quelques places pour les petits poucets dissidents, bien conscients que c'est là leur seule chance de survie. Par contre, j'imagine mal JMLP pardonner quoi que ce soit...
Mais peut-on justement qualifier cette idéologie de "patriote" ? Sincèrement, malgré l'amitié que je peux avoir pour beaucoup d'entre-eux, je ne le crois pas. Un patriote qui présente les USA, Israël, ou un complot judéo-maçonnique comme les principaux dangers menaçant notre pays est au mieux un naïf, au pire un traître. Un patriote qui veut armer Ahmadinejad, qui soutien Saddam Hussein ou trouve des excuses à Ben Laden n'est pas un résistant. Un patriote qui condamne les racailles caillasseuses de France et soutien les terroristes palestiniens est un collabo. Enfin, un patriote dont la principale cible politique est Villiers est un arriviste ambitieux qui fait passer les intérêts du parti avant ceux de son pays.
Alors, finalement, cette union est un accord commercial qui ne bouleversera ni les foules, ni les électeurs, ni les résultats, mais il sera probablement amusant pour ceux qui ont connu cette période et qui en ont tiré les bonnes conclusions de retrouver Jean-Marie LePen et Bruno Mégret côte à côte sur une tribune...
Pour ma part, je ne regrette que deux choses, c'est d'avoir perdu tant d'années avant de réaliser que je me fourvoyais, et de voir des personnes que je ne croyais motivées que par leur combat politique mettre leur dignité dans leur poche pour gratter quelques grammes de notoriété...
Denis Greslin
(à titre personnel).