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28 mars 2006 2 28 /03 /mars /2006 23:32

Voici un message qui m'a été envoyé par un français étudiant cette année aux Etats - Unis.

Gad.


Chers amis,

Trois semaines écoulées seulement depuis mon arrivée sur le nouveau
continent,  et déjà l'histoire semble se répéter...
Souvenez vous, il y a quelques mois, alors que je goutais au calme tout
japonais,  la France des balieues s'enflammait suite aux déclarations
de
notre "cher" ministre de l'intérieur...

En voila que la France semble de nouveau en proie à des spasmes et
refait parler d'elle... jusque dans le Chicago Tribune qui titrait hier
: "French Spring : is Paris burning again?"

Il faut dire que les américains ne comprennent pas bien les raisons du
blocage.

D'abord, le fondement même du CPE... Comment, les étudiants en France
ont besoin d'une première expérience en entreprise pour travailler en
entreprise ? Allez expliquez ça à des américains qui se font embaucher
et virer très régulièrement et qui changent de boite tous les 2 ans en
moyenne...Hé, oui, la logique fraçaise de Descartes et de Volaire n'est
plus ce qu'elle était!

Second point d'incompréhension : l'hyperspécialisation du système
éducatif français... Comment, les étudiants diplômés de philo doivent
faire de la philo, les matheux des maths et les économistes de
l'économie? Quelle étrange système..
Il faut rappeler ici que le système anglo-saxon est beaucoup plus
flexible et moins fermé : l'université (undergraduate) n'est pas vu
comme un moyen d'apprendre des savoirs-faire  - qui ne peuvent
d'ailleurs être appris qu'en entreprise -, mais comme une manière
d'apprendre à raisonner et à construire un raisonnement. Ainsi, il
n'est
pas rare de voir des étudiants diplômés en théatre travailler dans la
finance, des étudiants diplômés en langue faire du contrôle de gestion
et des étudiants diplômés en business faire de la politique
-l'important, c'est d'avoir un Bachelor ou un Master, de savoir
penser...

Troisième point d'incompréhension : le blocage des étudiants face à
cette loi... Comment, les étudiants français veulent tous un boulot à
vie, un bureau, et des garanties si l'entreprise veut les remercier?
Mais n'ont-il pas compris les règles du marché du travail? Ont-ils si
peur de changer d'entreprise plusieurs fois dans leur vie? D'où
viennent
ces réactions pantouflardes, la France n'était pas si peureuse il y a
encore peu, se souvient-on ici...

Dans ces conditions, les volutes de fumées noires qui s'élèvent au
dessus des voitures cassées, les millions de manifestants dans les
rues,
et les images de guerre civile qui parviennent aux portes des
Etats-Unis
viennent confirmer ici la phrase selon la quelle la France, sclérosée,
peureuse et refermée sur elle-même ne serait bonne qu'à faire des
révolutions....  - et à produire du fromage!!

Si encore cette révolution reflétait un courant majoritaire! Mais au
contraire, d'après les échos qui parviennent à mes oreilles, il n'en
est
rien...

Il serait hasardeux de soutenir que la majorité des étudiants sont
contre ce blocus, compte tenu des nombreuses menaces et intimidations
qu'ils connaissent, et des manipulations médiatiques et partisanes,
souvent orchestrée par des syndicats dont la représentativité et les
méthodes soi-disant démocratiques pour décider des blocages sont plus
que douteuses. 
Un ami en fac de droit me racontait ainsi que lorsque le résultat d'une
première AG dans sa fac avait donné le non majoritaire au blocus ,dès
le
lendemain une seconde AG était organisée par une minorité de
manifestants pour revoter illégitimement le blocus, ne respectant pas
la
décision des étudiants.  Il me faisait également part des heures de
faux
débats imposées de force par les manifestants( temps de parole inégal
et
les intervenants autorisés étaient à 90% leurs partisans), qui
d'ailleurs tenait plus à une  propagande anti-gouvernementale qu'à une
critique du CPE -critique sans doute justifiée, mais bien loin des
préoccupations actuelles...

Que dire encore des intimidations et la violence de ces gens que les
médias ne dénoncent pas, lorsque des étudiants souhaitant entrer dans
leur faculté sont repoussés brutalement par des représentants
syndicaux,
qui pour certains les blessent  : cette violence est donc légitimée par
le droit de grève? Mais ou est passé le bon sens, dont un de nos
philosophes disait pourtant qu'il était le mieux partagé ?

Qui enfin protège donc les vrais étudiants qui veulent que leur droit à
l'éducation et celui de ne pas faire grève soient respectés? Les
dirigeants universitaires, démissionnaires comme toujours dès que le
bateau tangue un peu ?
Les médias impartiaux dans leurs reportages se rendent-il compte que
leur comportement porte atteinte aux droits les plus élémentaires, dont
la liberté d'expression? A quoi bon dès lors avoir défendu les
caricatures de Mahomet si la démocratie n'existe plus que sur le
papier?

En tout cas, vu d'ici, ça en fait rigoler plus d'un... Moi, ça
m'inquiète!

Voila, c'était le cri le coeur de votre envoyé spécial à Chicago,

David

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