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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 12:20

DISCOURS DE PIERRE-YVES BOURNAZEL LE LUNDI 10 FÉVRIER AU CONSEIL DE PARIS

 

SUR LA COLLECTE DES DÉCHETS MÉNAGERS

 

Monsieur le Maire,

Mes chers collègues,

 poubelles-paris.jpg

Permettez moi de m’adresser directement à votre candidate à la Mairie de Paris : Madame Hidalgo.

Madame Hidalgo, notre ville est sale et vous en portez la responsabilité.

 

En dix ans, trois contrats dédiés à la collecte des déchets et autant de campagnes de communication ont été élaborés : le contrat d’objectif propreté, le contrat gagnant-gagnant pour un Paris propre puis le contrat de pilotage. Pour quel résultat ? Un triple échec ! Selon un sondage paru en 2011 dans le Journal du Dimanche, 54 % des Parisiens sont insatisfaits de l’action municipale en matière de propreté.

 

            Voilà plus d'une décennie que l'opposition dénonce la désuétude de la collecte des déchets ménagers. Vous amortissez avec une abnégation jusqu’au-boutiste les vieilles poubelles vertes des Parisiens. Souvent abîmées, parfois cassées, toujours inadaptées, elles ont montré au fil du temps une aptitude inébranlable à déverser sur les trottoirs autant de déchets qu'elles en absorbent.

 

            Vous nous demandez aujourd'hui de nous prononcer sur le renouvellement du marché public de la collecte des ordures ménagères. Depuis juin 2009, cette collecte est assurée par un prestataire privé dans dix arrondissements et par la régie municipale dans les dix autres.

 

Ce dossier vous offrait l’occasion d’agir avec pragmatisme et courage. Il pose des questions de fond sur la conception même que nous pouvons nous faire d’une gouvernance utile aux Parisiens. Or, l’orientation que vous lui réservez démontre autant l’échec de votre politique que l’absence d’ambition pour l’avenir. Elle illustre le peu de considération que vous apportez aux critiques formulées par la Chambre régionale des comptes dans son rapport sur la gestion des déchets. Ces mises en garde demeurent pourtant pertinentes.

 Pierre-Yves BOURNAZEL

Le taux d’absentéisme des agents en charge de la collecte s’élève à 12,5 %. Ce chiffre est vertigineux. Les absences injustifiées sont quatre fois supérieures au taux moyen de la ville. Cette désorganisation exceptionnelle des services est l'illustration de l'inefficience de votre management. Le coût moyen de la collecte des ordures ménagères est de 110 € la tonne en régie contre 98 € pour les prestataires privés. En ce qui concerne les déchets recyclables, l'écart est encore plus spectaculaire entre vos services (241 € la tonne) et les entreprises (98 €).

 

Quelle est la conséquence de votre politique pour le pouvoir d’achat des Parisiens ? La réponse est apportée par une étude récente de l’école des Mines. Cette étude compare les services de collecte des déchets de plusieurs grandes métropoles d’Europe et d’Amérique du Nord. La conclusion est accablante : Paris est la ville qui dépense le plus de moyens financiers, humains et techniques pour ce service. Le coût moyen de la collecte par habitant y est deux fois plus important qu’à Montréal ou Barcelone et trois fois plus élevé qu’à Londres. Pourtant, les résultats obtenus ne sont pas meilleurs que dans les autres grands ensembles urbains. Au contraire.  

 

Ce constat sans appel plaide en faveur d’une décision de bon sens. Lorsqu’une mission de service public est mieux assurée par le secteur privé que par les régies municipales, des élus responsables ne doivent avoir aucun scrupule à le déléguer exhaustivement au monde de l’entreprise. Tout choix différent est par nature la marque du dogmatisme. Cette première proposition permettrait de mieux préserver la continuité du service dont l’interruption peut avoir des conséquences très négatives en termes de salubrité publique. Je veux rappeler que les grèves de novembre 2010 et mai 2011 confirmaient une démotivation des agents et un malaise social dans les dix arrondissements fonctionnant en régie.

 

Suivant les modèles de Londres et Montréal, les mairies d’arrondissement et les associations de quartier doivent s’unir pour sensibiliser les citoyens à l’enjeu de la collecte et du recyclage des déchets. L’étude de l’école des Mines prouve que c’est l’échelon local qui fait le plus défaut à Paris. Or, le contrat de copilotage que vous nous avez proposé est une décentralisation en trompe-l’œil qui se heurte à la réalité du jacobinisme municipal. Il n’est de surcroît pas dénué de quelques arrière-pensées pour le moins sournoises... En déléguant la verbalisation et la communication aux maires d’arrondissement, vous entendez leur confier à la fois le rôle du gendarme et celui du pompier dans un domaine où vous avez démissionné depuis longtemps. L’échec du copilotage démontre à l’envi la nécessité de renforcer les compétences des mairies d’arrondissement et d’amorcer un mouvement indispensable vers une réelle décentralisation des compétences et donc des moyens.

 

   Le marché public qui nous intéresse aujourd’hui a pour corollaire le passage de sept à six jours de collecte par semaine. Le bilan de votre politique se résume donc bien à une contradiction éclatante : toujours plus de matraquage fiscal et toujours moins de services rendus aux Parisiens. Mais vous n’êtes plus à une contradiction près. Vous demandez à juste titre aux futurs prestataires du marché public de bannir les bennes fonctionnant au diesel mais celles de la régie vieillissent et polluent davantage ! Vous supprimez la collecte le dimanche au nom de la qualité de vie mais le tonnage atypique du lundi générera davantage d’embouteillages et donc plus d’émissions de particules fines !

 

            Les exemples de Barcelone, Copenhague ou Séville montrent pourtant qu'une gouvernance moderne permet de conjuguer la fluidification de la circulation et la lutte contre la pollution. En développant la collecte pneumatique, ces villes ont révolutionné l'évacuation des déchets et promu une croissance verte. La mise en place de ce système à Paris s'inscrirait pleinement dans les objectifs du Grenelle de l'environnement en favorisant le tri sélectif, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en limitant le bruit. Elle optimiserait l'hygiène et la sécurité, supprimerait les conteneurs dans les immeubles et les espaces publics, bannirait les nuisances olfactives et diminuerait le déplacement des bennes. Au nom de l'exemplarité écologique, les déchets, après leur compactage, pourraient être évacués par transport fluvial à l'échelle du Grand Paris.

 

            Le développement de la collecte pneumatique aurait été la marque d'une ville en mouvement. Vous avez malheureusement préféré le conservatisme à l'éco-responsabilité. En privilégiant depuis douze ans les dépenses somptuaires au détriment des investissements utiles, vous condamnez notre collectivité à vivre en marge des équipements urbains novateurs. Au cours de votre premier mandat, Paris avait régressé sur la scène internationale ; au sortir du second, la capitale de la France est même devancée par les villes de banlieue. Issy-les-Moulineaux et Romainville développent la collecte pneumatique pendant que vous perpétuez les organisations du passé.

 

            Il est pourtant urgent, au-delà des belles déclarations d'intention, de construire un espace urbain où le développement durable sera une réalité tangible. Je souhaite que les nouveaux systèmes de capteurs électroniques permettent demain de faire évoluer la taxe d’enlèvement des ordures ménagères dans un sens plus incitatif et écologique : je pense évidemment à l’application du principe pollueur-payeur qui doit trouver toute sa place dans une société de liberté et de responsabilité.

 

Nous espérions, Madame Hidalgo, du courage politique. Nous attendions une réforme globale de l’organisation et de la gestion de la propreté à Paris.

 

Vous nous proposez un marché public précipité, frappé du double sceau du dogmatisme et de la dépense publique. Vous vous désintéressez de la souffrance au travail exprimée par les agents de la régie municipale. Vous ne répondez pas aux enjeux environnementaux liés à la collecte des déchets.

 

Je ne soutiendrai pas ce projet parce qu’il est sur la méthode comme dans le contenu emblématique de votre échec.

 

La majorité sortante, sans idées et sans vision, est à bout de souffle. Le changement c'est dans un an.

 

 

Pierre-Yves BOURNAZEL

 

Conseiller de Paris

Élu du 18ème

Candidat à la Mairie de Paris

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commentaires

D
<br /> Monsieur BOURNAZEL , je viens de lire votre dèclaration concernant la collecte des déchets mènagers à Paris. J e m'indingne un peu quand à me rendre compte que le seul interet que vous portez à<br /> ce service dédiè aux Parisiens , ne soit que finançier. Nous , les salariés du privè au service de notre capital nous aurions tellement aimès que le pouvoir en place à la Mairie ou les<br /> prètendants que vous etes vous vous penchiez davantage sur nos conditions de travail plutot que sur la tèhorie qu'est : La collecte pneumatique serait un avenir moins honereux que la collecte en<br /> porte à porte.<br /> <br /> <br /> Voici donc ma 1er question monsieur le prètendant à la mairie de Paris :<br /> <br /> <br /> Croyez vous que les parisiens , pour qui vous donnez l'impression de faire attention à leurs dèpenses concernant les taxes sur l'enlevement des ordures mènagére , soient pret à dèposer leurs<br /> ordures à un coin de rue dans des bornes d'appels collectives , alors que vous comme nous , acteurs de la propretè Parisienne, savont que l'incivisme reigne à Paris.<br /> <br /> <br /> Et ma 2ème questions serait de savoir , une fois se mode de collecte mis en place , que ferez vous des nombreux salariés du privè (plus de mille personnes) qui se sont depuis des annèes investit<br /> à rendre notre chere capital le plus propre possible ? Chomage peut etre ?<br /> <br /> <br /> veuillez monsieur BOURNAZEL agreez les sincères salutation de l'ensemble des salariés du secteur privè des collectes de la Mairie de Paris.   <br />
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