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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 17:54

Nemo-journal-de-mickey.jpg

En ce début 2013, le journal de Mickey sort pour les enfants un numéro spécial et inédit, en vente depuis ce matin 9 janvier 2013, au profit de l’Opération Pièces Jaunes. Il s'agit d'une spécial Nemo.

Nemo dans le Journal de Mickey

Le Journal de Mickey soutient la nouvelle campagne de collecte des Pièces Jaunes qui sera lancée le 9 janvier avec la vente d’un hors série « Le Monde de Nemo » qui accompagne la sortie du film en 3D.

Les enfants pourront retrouver toute l’histoire du Monde de Nemo en bande dessinée, s’amuser en compagnie de Nemo, Marin et Dory grâce à de nombreuses pages de jeux.

Le Journal de Mickey pour l'opération Pièces jaunes

Tous les profits engendrés par les ventes de ce numéro spécial seront reversés à la Fondation pour financer des projets autour de la lecture des enfants dans les hôpitaux. En 2012, le hors série spécial dessin avait déjà permis de reverser 20 000 € aux Pièces Jaunes.

Le Journal de Mickey, de Disney Hachette Presse, partenaire média jeunesse de l’opération Pièces Jaunes

Cette nouvelle action se place dans le cadre d’un partenariat à long terme entre Disney Hachette Presse, The Walt Disney Company et l’opération Pièces Jaunes, initié en octobre 2011. Grâce à de nombreuses actions sur ces deux dernières années, c’est 45 000€ qui ont été remis aux Pièces Jaunes. Cette somme a permisde financer plusieurs projets de bibliothèques au sein des services de chirurgie pédiatrique. Le dernier en date sera inauguré à Nantes en février prochain.

 

 

 

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 10:40

 

Maurice Dantec, Babylon Babies, Mayenne : Gallimard, mars 1999

 

Maurcie-G.-Dantec.-Babylon-Babies.gif

 

« Un mafieux sibérien collectionneur de missiles. Un officier du GRU corrompu et lecteur de Sun Tzu. Une jeune schizophrène semi-amnésique et trimbalant une arme biologique révolutionnaire. Des scientifiques assumant leur rôle d’apprentis sorciers et prêts à transgresser la loi. Une poignée de soldats perdus à l’autre bout du monde et se battant pour des causes sans espoir. Des sectes post-millénaristes à l’assaut des Citadelles du savoir. Des gangs de bikers se livrant à une guerre sans merci à coups de lance-roquettes. De jeunes technopunks préparant l’Apocalypse. Un écrivain de science-fiction à moitié dingo prétendant recevoir des messages du futur. » Telle est la présentation de Babylon Babies sur la quatrième de couverture. Et celle-ci de continuer « Oui, il y a tout cela dans Babylon Babies. Non, il n’y a pas d’autre issue. »

C’est bien le problème. Il y en a trop. Dantec veut faire trop grand, trop gros, trop complexe, trop dispersé. Le résultat : ça m’a fatigué. Encore une fois Dantec ne sait pas faire court : il faut affronter 550 pages d’assez gros format, soit un assez gros roman. Encore une fois Dantec veut nous orienter sur diverses pistes, nous perdre un peu. Cette fois c’est totalement réussi, on ne comprend plus rien. Moi du moins je n’ai pas bien suivi. Dans Les Racines du mal, dernièrement commenté, l’auteur fixait un premier sujet dans une première partie, avant de compliquer les choses par la suite. C’était plutôt réussi. Ici il faut attendre le début de la deuxième partie, soit plus de cent pages, pour commencer à y comprendre quelque chose, et encore… A chaque partie on en sait un peu plus … si on a le courage d’aller jusque là. Car les choses deviennent rapidement lourdes, très lourdes.

Encore une fois, Dantec aime qu’on parle des œuvres et non pas des auteurs, qu’il sache pourtant que son nom l’a cette fois sauvé. Agacé par la dispersion d’événements d’un futur proche peu expliqué, par des dialogues entre personnages trop peu familiers au lecteur, faute de vouloir en faire trop, de trop en cacher, j’aurais arrêté la lecture au bout de cinquante pages si je n’avais pas connu un peu Dantec. Connaissant son originalité et sa passion pour les thèmes un peu extravagants, j’ai poursuivi. Et j’ai craqué au bout d’environ 300 pages. J’ai lu le reste en sautant page sur page. Trop c’est trop.

 

Certes c’est loin d’être l’avis de tout le monde, je sais. Les quelques critiques que j’ai lues du livre comme du film de Kassovitz Babylon A.D.(moins bonnes cependant) qui s’en est inspiré étaient bien meilleures. Le livre fut aussi un succès en librairie. J’ai moi aussi bien accroché à la folie de Dantec (même tardivement) malgré quelques défauts, mais là le retour des « szchizomachines » (le livre est publié en 1999, c’est le 3e de l’auteur après La Sirène rouge et Les Racines du mal) ne m’a paru être qu’une répétition. La reprise d’une même idée, déjà développée. Certes, la petite géopolitique du futur proche atteint par des mouvements religieux et nationalistes qui font éclater jusque la Chine avait de quoi intéresser, mais c’est trop lent à venir. J’ai peut-être manqué de patience, certes, je le confesse, je n’étais peut-être pas assez concentré, mais j’aimerais que Dantec fasse un peu plus court et se consacre à une chose à la fois de temps en temps, ou presque. Quant à Toorop, le mercenaire qu’on retrouve aussi dans Grande Jonction, je lui ai trouvé les mêmes défauts que le héros des Racines du mal. Un personnage un peu trop hésitant, s’exprimant en pensées et dialogues trop distants. Dans Babylon Babies plus encore, difficile de s’identifier au personnage.

 

C’est mon avis, c’est ma lecture, plus de dix ans après la publication du livre. Je reconnais que je n’ai pas accroché dès le début, fatigué par la longueur qui m’attendait, sans doute pas assez concentré. Néanmoins je reste attentif aux discours de Dantec, à ses œuvres, à sa place, mais j’y vois aussi certains défauts, à mon goût.

Parfois on aime ou on n’aime pas, j’ai dit pourquoi.

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 13:01

 

 

Patrick Rambaud, L’Absent, Paris : Editions Grasset et Fasquelle, 2003

 

 Patrick-Rambaud.-L-Absent.gif

 

Dans ses « Notes pour les curieux » qui suivent le roman, Patrick Rambaud souligne : « Je n’écris pas de romans historiques. » Une déclaration qui a de quoi étonner venant de l’auteur de La Bataille[1], de Il Neigeait[2] ou du Dernier voyage de San Marco[3]. Mais Patrick Rambaud s’en explique. Un roman historique, selon lui, ne fait que poser un décor historique exotique, celle d’une époque choisie, dans laquelle les personnages, adaptés à l’époque, vivent leurs histoires éternelles d’amour et de vengeance. Or Patrick Rambaud, lui, ne met pas en scène un inconnu dans un décor historique inventé : il romance l’histoire. Ici c’est L’Empereur Napoléon 1er qui est L’Absent. A travers six grands chapitres, on suit l’histoire de France entre la défaite de Napoléon, l’arrivée des troupes étrangères en France et la Restauration, jusqu’au retour aux Tuileries de l’Empereur après son passage par l’île d’Elbe. La plupart des personnages du roman ont vraiment existé et portent leur vrai nom. Octave Sénécal en revanche, le personnage principal, est totalement inventé. Il sert à l’auteur à articuler le récit. Il est tour à tour le conspirateur, l’espion et le confident de l’Empereur. Celui qui court de Paris à Fontainebleau, celui qui accompagne Napoléon sur les routes de France, à travers le midi hostile, sur la mer et jusqu’à l’île d’Elbe. En exil Napoléon se refait une santé, s’informe, se joue des espions et de la Monarchie restaurée.

Patrick Rambaud nous fait pénétrer dans les salons royaux et impériaux, au cœur des discussions des élites de France et des gouvernants déchus, il nous montre le quotidien de l’Empereur, de ses proches, leurs humeurs, leurs erreurs, leurs réussites. Le roman devrait plaire à ceux qui aiment se plonger dans le quotidien de l’histoire des Grands. Passionné d’histoire, je n’ai pourtant pas accroché. Sentiment personnel sans doute, les élucubrations de Napoléon dans sa chute ne m’intéressent pas plus que ça. Le livre n’a pas réveillé non plus en moi un désir, un débat, une discussion, une interrogation qui me touchait à cœur. L’histoire est jolie, l’écriture aussi, les descriptions tout autant, mais j’aime lorsque la littérature pose des questions auxquelles on ne peut pas vraiment répondre. Or tout ceci, à mon sens, en était absent dans L’Absent. Tant pis pour moi.



[1] Grasset, 1997. Grand Prix du roman de l’Académie française, Prix Goncourt et Literary Award 2000 de la Napoleonic Society of America.

[2] Grasset, 2000. Prix Ciné-roman-Carte Noire

[3] Balland, 1990

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 18:41

 

Paulo Coelho, Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j’ai pleuré, Paris : Editions J’ai lu, 1997, 248 pp., traduit du Portugais (Brésil) par Jean Orecchioni

 

Paulo-Coelho.-Sur-le-bord-de-la-riviere-Piedra.jpg

 

Marek Halter. MarieA l’heure où le dernier essai de La Bible au féminin de Marek Halter, Marie[1], est traduit en hébreu, j’ai voulu aller chercher un regard chrétien au féminin de la Bible, et de la Vierge Marie. Je l’ai trouvé chez l’auteur brésilien de renommée internationale, l’auteur de L’Alchimiste et du Pèlerin de Compostelle, Paulo Coelho.

Dans un petit livre de 248 pages, Sur le bord de la rivière Piedra, l’auteur sud-américain nous plonge dans un univers chrétien croyant en Espagne. Il met en scène Pilar, une jeune femme d’un petit village d’Espagne qui retrouve l’ami de son enfance qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Le jeune homme avec qui elle a communiqué des années par voie épistolaire est devenu séminariste. Alors qu’elle avait presque perdu la foi, lui l’a recouvré. Plus que cela, il est possesseur d’un don, il est faiseur de miracles, guérisseur. Il donne des conférences, on le reconnaît, guérit ceux qui l’entourent et qui viennent à lui. Mais ce jeune homme aussi cherche sa voie. Bien que voué à Dieu, il ne peut résister à son amour pour Pilar. C’est pourquoi il a voulu qu’elle le rejoigne et qu’ils s’avouent leur amour mutuel. L’essentiel du livre est une histoire d’amour sur fond de croyance et de profondeur religieuses, avec une touche de mystique. Le récit se déroule sur une semaine de voyages entre Saragosse, Madrid ou encore Lourdes. Pilar le narrateur nous emmène avec elle le long de sa route, le long de ses pensées, le long de la rivière Piedra enfin, jour après jour, au sein de son amour. Son amour pour son compagnon, son amour pour dieu. Mais au fond l’histoire d’amour entre les deux personnages reste un peu plate. Leur passion chrétienne, le mysticisme de certains compagnons éveillent un peu la lecture, mais l’histoire ne vaudrait pas le coup sans le thème qu’elle évoque : la face féminine de Dieu.

 

A mon sens, simple histoire d’amour entre les hommes et Dieu et entre les hommes entre eux, assez ennuyeuse, l’œuvre ne prend véritablement sens qu’autour de l’idée de la féminité dans la divinité, « la Déesse, la Vierge Marie, la Shechinah du judaïsme, la Grande Mère, Isis, Sophia, esclave et maîtresse [qui] se trouve présente dans toutes les religions du monde. » (p.90). Sans entrer dans des débats théologiques complexes, l’auteur à travers le compagnon de Pilar qui en est l’instigateur, évoque néanmoins les apparitions de « L’Immaculée Conception »  auprès de la future Sainte Bernadette à Lourdes comme en Espagne ou en Afrique du Nord et les débats des sages du Vatican sur l’introduction de la face féminine de Dieu matérialisée par la Vierge Marie dans la Sainte Trinité : « la mère, le fils et le Saint Esprit ». Toute l’originalité du jeune homme, comme de l’œuvre tourne autour de cette idée. Une conception qui mérite approfondissement et un livre qui, par la voie de la littérature, esquisse une première approche.


[1] Marek Halter, Marie, Paris : Editions Robert Laffont, 2006

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 11:56

Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, Paris : Editions J’ai lu, 1999, 155 pages

 

 Michel Houellebecq. Extension du domaine de la lutte

 

 

Après son essai sur Lovecraft, c’est le premier roman de Houellebecq. Un roman devenu culte par l’auteur qui a bouleversé la scène littéraire française avec Les particules élémentaires, son deuxième roman, et qui figure aujourd’hui parmi lesmeilleurs auteurs francophones. C’est aussi un auteur conservateur dit-on, pour certains, réactionnaire (à quoi ? on ne sait plus trop), en tout cas un romancier pessimiste mais de qualité. Pour ceux qui ne connaissent pas Houellebecq, le lire vaut le détour. On retrouve dans Extension du domaine de la lutte, quelques thèmes favoris de l’auteur : la virginité d’un homme à un âge avancé, un côté existentialiste, une vie déprimante, la recherche sexuelle sans succès — en tout cas pas celui attendu —, l’exclusion, l’asile, la folie. De quoi faire plusieurs romans en effet.

Celui-ci est une belle entrée en matière. Le roman va crescendo. Le narrateur parle au lecteur à la première personne et nous fait découvrir son monde, ses ennuis, ses échecs et ceux des autres. L’originalité de l’œuvre et de l’auteur, c’est sans doute le réalisme cru qui tourne rapidement au cynisme presque cruel, mais pas moins réaliste. Les belles filles et les beaux garçons existent, pas de doute, mais les moches aussi, nul doute non plus, et l’auteur nous fait comprendre que ceux-là n’ont pas de chance. C’est justement le thème général, le fil directeur du livre : l’idée qu’il y a des gagnants et des perdants, que le monde, et particulièrement notre société occidentale moderne, dont il est question, laisse un certain nombre de gens sur le bas-côté. Dans les premières pages on comprend que le narrateur est un personnage du genre blasé par sa propre vie, célibataire, peu de vie sexuelle, une carrière moyenne d’analyste-programmeur dans une société d’informatique, et que beaucoup de choses et de gens ennuient. On entre doucement dans l’histoire et à partir de la page 70 environ, un peu plus du tiers de l’ouvrage, ça devient franchement bon. Quelques passages sont vraiment excellents et il convient de les mentionner. Le narrateur ne passe pas par quatre chemins dans ses descriptions. Tisserand par exemple, son collègue de bureau, celui avec qui il fait équipe dans son projet pour le ministère de l’Agriculture, est un pauvre type. Pas parce qu’il est méchant, mais un type à plaindre, pas beau, sans charme, repoussant. Le dénouement de son histoire, qui clôt la deuxième partie, est assez déprimante, disons-le. Il ne retient pas non plus son langage pour décrire une grosse fille qui était avec lui à l’école, enfant. Il se dit que même maigrir ne rendrait pas plus belle sa peau grasse, rouge, rugueuse. Il pousse le sadisme jusqu’à se demander s’il lui arrive de fantasmer et d’imaginer qu’un homme pourrait être assez fou pour vouloir la toucher. Elle à qui personne ne parlait, que personne ne voyait en dehors de l’école. Elle, qui, de parents agnostiques, héritiers de mai 68, ne pouvait même pas espérer compenser son cas par un mariage arrangé ou se réfugier dans la religion. On sent là aussi la critique sociale. Le passage sur ce type, à son boulot, qui n’est connu que comme quelqu’un qui ne sait pas acheter un lit compte aussi parmi les meilleurs. En outre, le narrateur nous fait comprendre qu’en effet, acheter un lit de nos jours, n’est pas une chose des plus simples, et il nous dit pourquoi. C’est même assez drôle. Le rapport de l’humain aux autres, le regard des autres, méfiant, moqueur, juge, est omniprésent. C’est à cause de celui-ci que le narrateur fait croire qu’on lui a volé sa voiture afin de ne pas passer pour un abruti, car il l’a en fait égaré. Il ne sait juste plus où il l’a garé.

Le livre est plein des petites histoires du narrateur, toutes plus amusantes — ou déprimantes — les unes que les autres. La scène de la boîte de nuit est un des meilleurs moments du livre. Elle m’a un peu fait penser à la soirée du prêt à baiser dans Les lois de l’attraction de Bret Easton Ellis. Mais dans ce dernier c’était seulement amusant parce qu’un type ne trouvait rien de mieux à faire que se déhancher en caleçon, sans autre implication. Ici l’aspect pessimiste est criant. Tisserand ne se remet pas de ses échecs auprès de la junte féminine. L’injustice humaine, sociétale, naturelle peut-être, est pointée du nez, soulignée. La déprime chez l’un, puis la dépression chez l’autre s’en suivent. Houellebecq n’hésite pas à envisager le meurtre comme autre forme de libération. Une solution qu’un autre auteur, Maurice Dantec, met lui à exécution dans ses romans noirs. Enfin quelques réflexions et citations méritent de figurer ici pour donner un peu le ton de l’ouvrage.

 

Page100, une critique du libéralisme économique et sexuel, la définition du livre, de son titre.

« Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l’adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains cumulent des fortunes considérables ; d’autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d’autres sont réduits à la masturbation et à la solitude. Le libéralisme économique, c’est l’extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. De même le libéralisme sexuel, c’est l’extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d’autres perdent sur les deux. Les entreprises se disputent certains jeunes diplômés ; les femmes se disputent certains jeunes hommes, les hommes se disputent certaines jeunes femmes ; le trouble et l’agitation sont considérables. »

 

Page 114, une réflexion sur l’amour et la sexualité :

« En réalité les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. »

 

 

C’est court, peut-être trop puisqu’on en aimerait un peu plus, ça se lit vite et bien. Ca fait réfléchir et c’est à lire absolument. Mais les effets peuvent être non négligeables. Celui qui a confiance en soi ou qui ne se sent pas du côté des perdants peut s’amuser, se détendre ; que dire de celui ou celle qui n’a rien pour lui/elle? Houellebecq ne lui enfoncera-t-il pas la tête encore un peu plus bas ?

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 13:31

Philip Roth, La bête qui meurt, (The Dying Animal, 2001), Paris : Editions Gallimard, 2004, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun

 

 Philip Roth. La bête qui meurt

 

Décidément un écrivain, lorsqu’il tient une plume, ne la lâche pas. Il est en effet frappant de constater les similitudes entre deux romans d’un même auteur. C’est, nous semble-t-il, particulièrement le cas avec Philip Roth. Certains y verront peut-être une continuité d’inspiration, l’expression d’un malaise ou d’un vécu qui se dévoile encore un peu plus après chaque roman. On peut aussi y voir une forte critique, quand on en a lu un, on les a tous lus.

Ceci n’empêche pas La bête qui meurt d’avoir son intérêt, mais encore une fois, je n’y vois pas le livre du siècle, ni même un livre particulièrement marquant. Après la lecture d’Exit le fantôme (postérieur),La bête qui meurt m’a fait l’impression d’être comme le livre d’entraînement, d’inspiration première pour le suivant.

 

On remarque avant tout que les thèmes sont les mêmes : la vieillesse face à la jeunesse, la séduction ou franchement l’envie sexuelle, la maladie puis la mort. Dans Exit le fantôme, Zuckerman, l’alter-ego de Roth, est âgé de 73 ans et devenu impuissant bien qu’il fantasme sur Jamie, une new yorkaise de gauche, rebelle à sa famille texane conservatrice et près de quarante ans plus jeune que lui. Dans La bête qui meurt, on change les personnages, on est dix ans plus tôt mais on fait sensiblement la même chose, en plus simple et plus court. C’est en effet un petit roman de 137 pages, sans chapitre ni partie, regroupé d’une traite et où le narrateur tutoie le lecteur en lui parlant directement. David Kepesh est lui aussi une forme d’alter-ego de l’auteur, il était déjà à l’œuvre dans le Sein (un titre qui laisse penser que les mêmes thèmes étaient en question). David Kepesh a 62 ans lorsqu’il rencontre Consuela Castillo. Ce n’est plus une jeune blanche démocrate de famille conservatrice, mais une Américaine d’origine cubaine, respectueuse de sa famille d’immigrés, partisans de Reagan et de Bush (le père) et opposés à Fidel Castro dont ils ont fui le pouvoir à Cuba. En bref, le regard se déplace mais l’approche est la même. Consuela Castillo a 24 ans et comme Jamie, elle est belle et bien roulée. Ce sont les dires du narrateur qui cette fois un peu plus jeune, aidé malgré tout par ses quarante ans d’avance sur sa compagne et par un poste de professeur en littérature qui l’amène à passer une fois par semaine à la radio et à la télévision, devient bel et bien l’amant de la jeune femme. Or dans l’un comme dans l’autre des deux romans, il nous décrit le développement de sa passion pour elle, et accessoirement pour ses seins. Il y a là une véritable obsession de Philip Roth qui se plaît à donner de petits détails érotiques et pornographiques. Dans La bête qui meurt, il ne mâche franchement pas ses mots, il se lâche complètement.

 

Jusque là, mis à part l’aspect « excitant » qui plaît aux lecteurs mais peut-être pas aux lectrices, on lit une histoire presque similaire, celle de la passion (plus que l’amour à mon avis) d’un homme âgé pour une femme plus jeune. Bien entendu les choses évoluent ensuite quelque peu. David Kepesh se confie et se livre à des réflexions ma foi intéressantes sur les conséquences de la révolution sexuelle des années 60 (aux Etats-Unis). Son histoire personnelle est modifiée radicalement par la génération qui lui succède. Marié et père d’un enfant, l’influence de ses étudiantes sur lui, le mènent à l’adultère avec certaines de ses propres étudiantes (oui au pluriel), ce qui provoque son divorce, son nouveau mode de vie — seul, coureur, égoïste, calculateur — et la haine que lui vaut son fils, qui s’efforce d’être son contraire absolu. Presque un classique des conséquences des bouleversements des années 60 et 70. Mais David Kepesh persiste et signe. Il a choisi cette façon de vivre, elle lui plaît, il l’assume. Aussi multiplie-t-il les conquêtes temporaires, à un âge puis à un autre, et toutes en même temps. Tout cela dans une ambiance de bourgeoisie intellectuelle new yorkaise chère à Philip Roth et à ses alter-ego, au milieu des lectures de Kafka, de la musique de Schumann et de Beethoven, de pièces de théâtre et des œuvres de Velasquez. Jusqu’à ce que Consuela lui fasse découvrir la dureté de la séparation d’avec celle pour qui on voue une passion, jusqu’à qu’il connaisse la dépendance sexuelle, puis qu’il découvre l’effet d’un cancer sur la beauté d’une femme.

 

C’est pleinement l’univers de Philip Roth qu’on retrouve. Cette fois à l’heure du Millenium de l’an 2000. Les amoureux de son style, de sa simplicité ou de ces riches et tranquilles milieux y verront sans doute un joli précis amoureux, peut-être plus. J’y ai vu un joli petit roman passionnel, avec quelques intérêts, mais sans plus.

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 17:40

 

Eric Zemmour, Petit frère, Paris : Editions Denoël, 2008, réédition aux éditions J’ai lu, 2009

 

 Eric Zemmour. Petit frère

 

 

Il y a deux Zemmour. Le Zemmour analyste de la politique et le Zemmour analyste des faits sociaux. L’un et l’autre se cumulent, se complètent et se lient sans difficulté. On retrouve régulièrement les deux dans des émissions de télévision, sur i télé, sur France 4 et surtout dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché le samedi sur France 2 assez tard dans la soirée. A force de le regarder tous les samedis, on finit par bien connaître ses idées. On les retrouve pleinement dans Petit frère. Mais cette fois, pas d’interruption par un invité, par Ruquier ou Nolleau, on dispose de Zemmour pour nous tout seul. Celui-ci prend son temps pour nous expliquer ses idées, celle des autres, ce qui va et ce qui ne va pas. Enfin surtout ce qui ne va pas. Mais plutôt que de le faire sous forme d’essai politique, Eric Zemmour a choisi la forme du roman. Elle paraît plus appropriée en effet pour décrire les petites choses du quotidien qui, avec le temps, font les grandes choses de la politique. Il ne s’agit donc pas d’une grande démonstration, mais d’une approche détournée. On saisit tout autant le message porté par l’auteur et vécu par le narrateur. Ce dernier ressemble à Zemmour mais il ne se présente pas officiellement. Il ressemble à l’auteur mais n’est pas l’auteur. Il est journaliste comme lui, mais ne dit pas vraiment ce qu’il pense à la télévision ; comme lui il est diplômé de Sciences Po mais contrairement à l’auteur il se dit de gauche et n’évolue que lentement vers une critique de son propre camp ; le narrateur est encore un héritier de Mai 68, un supporter des débuts de SOS Racisme, un combattant de l’antiracisme, un vilipendeur de la droite, cette fois plus rien à voir avec Zemmour. Mais ce narrateur, ami secret de politiciens de droite qui évoluent, eux, vers la gauche, réalise petit à petit ses erreurs de jeunesse. Tour à tour, et là Zemmour prend de plus en plus le dessus sur lui, il comprend être un idiot utile de la mondialisation. Il perçoit le communautarisme héritier du métissage qu’il a appelé de ses vœux, il voit s’entretuer ceux qu’il a forcé à vivre tandis que lui, privilégié de la classe d’intellectuel parisien bourgeois télévisé, se retranchait dans son appartement de Saint Germain des prés. En clair sur fond des violences et des problèmes sociaux des années 2000, Zemmour fait le procès des années 70 et 80 ; du passage du gauchisme à l’antiracisme, du transfert du regard des ouvriers (devenus des casseurs de grève, puis des frontistes) aux immigrés. C’est un premier message, récurrent dans les interventions publiques d’Eric Zemmour. On le découvre surtout, au cours du roman, à travers les débats du narrateur avec les amis de son milieu, des politiciens, de sa maîtresse, ou encore de celles de ses amis, etc.

 

Viennent ensuite plus précisément, à l’échelle quotidienne, la transformation de la vie des Français et l’intrusion progressive des conséquences de l’immigration massive et de l’échec de l’assimilation-intégration. Tous ces termes sont discutés d’une façon ou d’une autre par les faits ou dires des personnages, certains parlent plus qu’ils ne font — les journalistes, les politiques —, d’autres font (ou ne font pas, c’est parfois le problème) plus qu’ils ne parlent, leur niveau de français et d’éducation étant souvent bien faible — ce sont les habitants de la rue de la Grange-aux-Belles, entre Stalingrad et Colonel-Fabien, dans le XIXe arrondissement de Paris. Zemmour entre plus en détails dans les questions de relations entre populations immigrées d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord : Arabes, Kabyles, juifs, noirs, musulmans, tous y passent. Le tableau n’est évidemment pas brillant. Sans s’intégrer réellement, encore moins assimilées, ces populations s’opposent, parfois s’affrontent, se côtoient mais se détestent. L’envie, la haine, la frustration, la domination, la conquête et le pouvoir sont les sentiments qui les régissent. Sur fonds de traditions orientales et de musique américaine, le trafic de drogue pullule, les gangs se créent, l’atmosphère de l’immeuble se détériore ; et sur le dos de l’antiracisme c’est en fait le racisme qui domine. « Trop d’Arabes », « Hitler n’a pas fini son travail » ou les noirs « Esclaves, fils d’esclaves » sont les discours tenus de tous côtés par les personnages. Personne n’y échappe vraiment, personne n’est vide de ces pensées, seule la réalité reste.

 

Plus en détails encore, le livre prend pour fil conducteur une histoire vraie, un fait divers comme on dit, l’assassinat d’un jeune juif par un jeune arabo-musulman. Bien que les noms aient été changés, on reconnaît bien entendu l’affaire Sellam, cette famille dont le fils DJ a été tué, dont le procès est encore en cours et auquel ce livre a fait écho il y a deux ans. Le tout est bien sûr transformé et romancé même si Zemmour entendait décrire un milieu précis. Il nous faut dire aussi notre incompréhension envers la réaction de la famille qui a fort mal réagi à la publication de ce livre. On peut comprendre certes qu’elle se sente lésée par une transformation des faits mais il faut prendre en compte, d’une part la volonté de transformation littéraire (c’est un roman pas un essai politique), d’autre part le fait que la famille Sitruk, la famille juive dans le livre, n’y jouit pas d’un si mauvais statut. Mises à part quelques phrases vindicatives, assez rares toutefois, prononcées à l’encontre des Arabes, qu’il faut aussi remettre dans le contexte d’une famille dont le fils est assassiné par un fou d’Allah, elle n’est pas si mal décrite. Bien sûr Zemmour n’a pas la langue dans sa poche en ce qui concerne les Juifs français qu’il met en scène et auxquels il ne fait pas de cadeaux. Ils les montrent en effet rêvant d’Amérique, sans considération pour la France qu’ils jugent perdue, finie, peureuse, soumise aux Arabes. Au lieu de la culture et de l’élitisme à la française qui motivèrent tant de leurs prédécesseurs coreligionnaires, ces juifs immigrés d’Afrique du Nord se réfugient dans l’argent, les Etats-Unis, Israël, et la religion de leurs pères. Au passage c’est l’une des rares fois où Zemmour, par l’intermédiaire de son narrateur, se met en scène comme juif. Mais c’est plus l’Israélite intégré, et qui se veut assimilé (lui !), qu’il incarne, ne témoignant que d’éloignement envers les autres juifs. Il avoue même (son personnage) un mariage avec une française de souche, à particules, qu’il voit comme le moyen d’assimilation par excellence. Petit Israélite, c’est la grande France qu’il épouse, plus que la femme, dont il divorce finalement. Mais Zemmour n’évite pas non plus la montée de l’islamisme, le racisme arabe envers les noirs « esclaves [aux] gros zob’s », les Kabyles et bien sûr les juifs, sans oublier les chrétiens, bref tous les mécréants. Ce racisme se matérialise aussi bien dans la tradition arabo-musulmane, que dans l’islamisme montant. Cela va du business des juifs — ‘toujours le succès pour les mêmes’ — aux appels aux meurtres envers ceux qui trahissent la parole de dieu. L’auteur accompagne aussi son texte de citations du Coran ou de Hadiths, particulièrement sanglantes et intolérantes. Il se permet aussi, par le biais d’un personnage ou d’un autre, de quelques remarques amusantes ou franchement intéressantes sur les racines d’une religion, l’essence d’un comportement, d’une mentalité et esquisse même une citation du Talmud. Bien que Zemmour, nous semble-t-il, ne soit pas un sage talmudiste, cette illustration talmudique de l’absurdité, de l’échec et des conséquences néfastes du multiculturalisme à la française et de l’antiracisme idéologique, nous paraît plutôt bien choisie.

 

eric-zemmour.jpgEnfin, sur le fond, puisque Zemmour aime souligner la diminution (voire l’écroulement), à son goût, du niveau littéraire (et scolaire), précisons clairement que Petit Frère n’est sans doute pas le roman du siècle. Sur le plan de l’observation des faits politiques et sociaux, il mérite, selon nous, qu’on lui accorde une grande attention, qu’on s’intéresse franchement à la dégradation dont il témoigne. Il ne s’agit pas non plus du meilleur livre de sociologie qui soit, mais c’est un bon livre. Sur le plan littéraire c’est un bon livre aussi mais pas exceptionnel. Zemmour use de quelques figures en alternant les différents plans, joue avec le temps et l’espace, et donne à son narrateur un vocabulaire plus soutenu que les individus incultes qu’il critique. On a toutefois parfois l’impression que c’est surfait. Comme si, tout d’un coup, Zemmour décidait de prouver son vocabulaire avec un mot qui sort de l’ordinaire, mais c’est seulement occasionnel. C’est peut être à force d’entendre le journaliste critiquer la pauvreté du vocabulaire des nouvelles générations que cette impression ressort, admettons-le, mais c’est ainsi que nous l’avons vu.

 

En fin de compte, comme son narrateur, Zemmour subit et en même temps profite de la télévision. Par son livre, comme par ses articles écrits (qui ont fait sa carrière avant la télévision précisons-le), il entend se détacher de son personnage télévisuel, mais celui-ci le retient un peu et après tout, c’est par lui qu’on a une meilleure connaissance de l’homme. 

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 10:52

 

Pascal Bruckner, Lunes de fiel, Saint Amand : Editions du Seuil, 1982

 

 

 

Pascal Bruckner est philosophe et romancier. Nombre de ses ouvrages, à l’image de son dernier, aborde Le paradoxe amoureux[1]. Lunes de fiel aussi. C’est une histoire d’amour, de passion, de désir. Mais pas une histoire simple. Le livre contient en vérité deux histoires en une. Roman Polanski ne s’y est pas trompé en l’adaptant au cinéma, même si le film fait plus vieux jeu que le livre. Avant de connaître l’existence de ce film, je me disais justement qu’il y avait là un livre sujet à une adaptation cinématographique, à un beau film hollywoodien. Un film où les pensées et sentiments du narrateur Didier, seraient joués plus que dits. Un film avec une intrigue, des péripéties, des rebondissements, une fin tragique, un drame. Voilà un livre bien plus fait pour le cinéma que, par exemple, les adaptations des œuvres de Bret Easton Ellis.

 

Toute l’histoire se déroule sur un bateau de croisière. Le bateau part de Marseille pour Istanbul, avec escales. Franz l’infirme, l’handicapé et sa femme Rebecca se rendent en Turquie, à une conférence de médecins spécialisés sur le type de handicap de Franz. La croisière partira ensuite vers l’Inde où Didier, le narrateur, et sa femme Béatrice entendent passer un long séjour. Une partie du livre concerne tout ce qui se passe dans le bateau : les parties de cartes, la soirée du nouvel an, les rencontres et discussions avec des gens venus de divers horizons, de différents pays, l’ennui, la montée du désir de Didier pour Rebecca, la femme de Franz. L’autre partie du roman, probablement majoritaire en terme de texte, consiste en autobiographie de Franz, l’handicapé, racontée à Didier, qui l’écoute. Franz perçoit l’attraction de Didier pour sa femme, avec qui il n’entretient plus qu’une relation d’habitude, bien incapable de la contenir et de la satisfaire en tant qu’infirme.

Franz lui raconte donc chaque jour de croisière, leur rencontre, leurs ébats sexuels, son dégoût progressif pour elle, la fin de leur amour, la façon dont il s’est moqué d’elle, dont elle s’est accrochée, jusqu’à son infirmité et l’inversion des rôles. Les quelques pages sur leurs pratiques sexuelles en privé sont d’une rare force d’obscénités et de mœurs assez ignobles, dégoutantes. Mais elles sont écrites en un magnifique français et dans un vocabulaire très soutenu. Il faut posséder un excellent français et une parfaite connaissance de certaines parties du corps humain pour suivre totalement les explications impudiques de Franz. Toutefois les choses évoluent et l’on passe de la dégueulasserie pseudo-sexuelle à la cruauté humaine. L’histoire est de ce point de vue fort passionnante. Seules trois ou quatre pages m’ont paru donner une certaine longueur au roman, impatient de connaître la raison des relations si peu communes entre Franz et Rebecca au sein du bateau. Le lecteur nourrit tout à tour des sentiments de dégoût pour les uns, de pitié pour les autres, ou encore de répugnance pour la méchanceté de certains actes et d’attirance pour la beauté décrite de Rebecca. Derrière les mises en action et les pensées implicites sur l’amour, la passion, le désir et la cruauté, l’auteur du Sanglot de l’Homme blanc[2] s’offre aussi le luxe d’une mise en perspective du multiculturalisme, du mélange des races, des ethnies à travers l’admiration de Franz, d’origine allemande, blanc, chrétien, pour le sang juif arabe, oriental de Rebecca, juive marocaine à la peau et à la culture brune. La critique est toujours implicite, esquissée, discrètement suggérée et le lecteur reste penseur.

Le dénouement confirme le drame, tragique, triste, d’une morale cruelle. J’étais un peu froid à l’idée du Bruckner romancier et non philosophe et penseur, mais Lunes de fiel m’a réchauffé.

 

 


[1] Pascal Bruckner, Le Paradoxe amoureux, Paris : Grasset, 2009

[2] Pascal Bruckner, Le Sanglot de l’Homme Blanc, Editions du Seuil, 1983

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 12:01

Frédéric Beigbeder, L’amour dure trois ans, Paris : Gallimard, 2008, [2001 ; Grasset, 1997], 194 pp.

 

 

 

L’amour dure trois ans est la troisième partie qui clôt la trilogie de Marc Marronnier, une sorte d’alter-ego de Frédéric Beigbeder. Un personnage type bourgeoisie des bars, coke, littérature, divorce, tromperie. Marc Marronnier est presque une caricature des milieux de petite bourgeoisie des soirées parisiennes, un peu snob. Comme Beigbeder il est concepteur de publicité et écrivain. Comme lui aussi il fut marié une première fois, puis, dit-il, retombe amoureux d’une seconde femme et partage sa vie. Diane de Mac Mahon, la première femme de Begbeider est simplement appelée Anne, et Delphine Vallette devient Alice. Marc divorce d’Anne et tombe amoureux d’Alice à l’enterrement de sa grand-mère. Begbeider est un pur Sciences Po et termine ses études avec un DESS en marketing-publicité au Celsa. Un mélange de ‘Science politicard’ et de ‘Celsaire’, si je puis dire. Marc est comme lui, un pur produit de ces écoles (que justement je connais aussi). Il tente de nous démontrer que l’amour dure trois ans. La première année on est fou amoureux, la deuxième on se lasse, la troisième on en peut plus, pour résumer. Et on divorce ou on se sépare.

Il nous raconte ses passions, ses tentations, le pourquoi du comment de tout cela et un peu de théories bidon sorties tout droit d’un magazine people, de Voici, VSD, Elle ou Paris Match. Beigbeder a, il se trouve, écrit pour tous ces magazines. Il mène à la fois une vie d’écrivain, de chroniqueur pour magazine pour femmes et de critique littéraire grand public. C’est surtout aussi un mondain. Tout ceci se lit dans son écriture. Ca n’est pas de la grande littérature, c’est sûr. Le livre ne restera pas dans les annales des grandes œuvres tel un chef d’œuvre. Néanmoins sous ses allures mondaines Beigbeder plaît au moins à quelques-uns. Il remporte même cette année en 2009 le prix Renaudot pour Un roman français. Pour notre personne, le livre reste amusant, plaisant et très particulier. Rien que le titre est particulier comme le sont ceux d’autres livres de Beigbeder, comme 99 francs, aujourd’hui adapté en 14,99 euro. Pourquoi pas ?

En outre certains passages sont franchement drôles. D’autres sont assez sensuels. D’autres encore franchement dégueulasses. La scène où il nous fait part de sa diarrhée suivie de son vomi m’a un peu dégouté, au sens propre. Marc Marronnier, alias Beigbeder nous parle directement, il mélange les personnages à sa vie, à ses sorties en boîte, au restaurant, sur son Vespa. A près de douze ans d’écart, on voit une ressemblance entre Marronnier et Helmut Fritz, le chanteur de Ca m’énerve. On perçoit le même type de parodie, de description d’un stéréotype. Marronnier-Beigbeder par exemple nous parle du roman qu’il est en train d’écrire, celui qu’on lit, il nous raconte ce qu’il aurait préféré écrire, ce qu’il écrira, ce qu’il a écrit. Il y a comme une communication directe entre le personnage, qui n’en est plus un, et le lecteur. Un style pour le moins original. En général les chapitres ne font que quelques pages et multiplient les anglicismes, les ‘phrases chocs’, les citations tantôt littéraires tantôt télévisuelles ou cinématographique (type Drôles de dames ou Hélène et les garçons, voire Les Inconnus— c’est déjà mieux—), les grossièretés, un peu d’argot et pas mal de filles. D’après les dires de l’auteur, elles seraient toutes belles et bien roulées, il nous les décrit comme telles en tout cas. C’est plaisant mais curieux. Certains propos sont plus que sensuels, au moins érotiques si ce n’est carrément pornographiques. Je laisse le soin à celui ou celle qui s’y intéresse de lire le livre. Ce livre est plaisant comme une farce, un sketch, une connerie… quelqu’un qui vous raconterait ses plus gros délires en mélangeant roman, autobiographie, blagues, vagues réflexions, petite histoire et pensées cachées. Il reste toutefois une réflexion sur l’amour, sa durée … comment l’entretenir, est-ce possible ? Souhaitable ? Etc. Le thème est un classique. Ce sont la forme, la tournure, les propos qui amusent, choquent un peu, divertissent aussi. Mais tout le monde n’y trouvera pas chaussure à son pied. A vous de choisir si cette littérature moderne — assez courante néanmoins — avec une pointe de bizarrerie vous emballe ou non.

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 18:01

Patrick Poivre d’Arvor, Lettres à l’absente, Paris : Albin Michel, 1993

Patrick Poivre d’Arvor, Elle n’était pas d’ici, Paris : Albin Michel, 1995

 

 

 

Elle n’était pas d’ici est la suite des Lettres à l’absente. L’un comme l’autre sont deux livres d’une rare tendresse. Le premier témoigne de l’amour d’un père, Patrick Poivre d’Arvor, le célèbre journaliste de TF1, pour sa fille Solenn, hospitalisée pour anorexie mentale. J’avoue n’avoir jamais mesuré à sa juste valeur l’anorexie ou la boulimie. Ces deux livres nous font prendre conscience de cette réalité qui touche plus de 100 000 jeunes filles rien qu’en France. Alors que les Lettres à l’absente consistent en écrits épistolaires pendant l’hospitalisation, le traitement de Solenn, isolée de ses parents, Elle n’était pas d’ici, ensuite, réunit les lettres qui suivent la mort par suicide de la petite Poivre d’Arvor.

 

Les deux livres sont bouleversants par le message qu’ils font passer et la force qu’ils ont donnée à toutes les familles de malades atteints par cette maladie. Ils sont très courts, à peine plus de 120 pages chacun et de petite taille. Néanmoins, passé le sentiment ressenti face à l’histoire d’une malade, de son père, de sa famille, le lecteur lambda peut trouver le message un peu long, en toute honnêteté. J’ai moi-même préféré le deuxième livre, Elle n’était pas d’ici, car d’un point de vue littéraire il raconte une plus longue histoire, il revient sur d’anciens faits, sur d’anciennes passions et l’on apprend un peu plus à connaître les êtres qui ont fait ce livre, ces livres.

 

Ils sont à eux deux une petite œuvre, un petit poème, un message d’amour. Il y a sans doute deux façons de les aborder. Comme ci-dessus et comme une sensibilisation à une maladie comme l’anorexie mentale, une haine de son propre corps, une incapacité psychologique et physique à se ressaisir, à s’apprécier, à manger et à dépasser 35 kilos. Ceci étant, les deux livres ne sont pas incontournables à ceux qui ont tout à fait d’autres objets en tête. Toutefois on ne peut sûrement pas parler d’une simple « chose » comme le fit la responsable des pages littéraires du Monde (en 1995) dans un débat à la radio face à Jean-François Josselin (cité dans Elle n’était pas d’ici, page 116) qui avait été au contraire bouleversé par les Lettres à l’absente. Ni bouleversé ni désintéressé, c’est une confession, un témoignage, un sentiment d’amour qui a sa place dans le cadre qui est le sien et qui, dans cet espace défini, traverse les ans.

 

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